Conseils aux jeunes photographes

- Devenir photographe
- L’école des photographes voyageurs
- Sujets de reportage
- Sur le terrain
- Etre femme photographe voyageuse
- Aider une ONG
- Les retours de voyages
- Vendre ses photos
- Rencontrer les gens du milieu
- Concourir aux prix de photographie
- Publier un livre
- Affronter les réussites et les échecs
- Pour résumer

                 

Ces extraits d’Olivier Föllmi sont publiés dans «Conseils d’un photographe voyageur» aux Editions de la Martinière en France et « Consigli di un fotografo viaggiatore » aux Editions Contrasto en Italie.

Devenir photographe

Le métier de photographe voyageur est un métier fantastique. Cependant, si l’on cherche fortune et reconnaissance par ce métier, on risque fortement de trôner sur le podium de l’amertume. Aucun photographe ne foule d’emblée le tapis rouge. On entre tous par la petite porte en mordant la poussière durant des années. Être photographe voyageur, c’est vouloir vivre le meilleur comme le pire par passion de la vie. Au départ, il vaut mieux viser un sommet accessible, photographier autour de chez soi, grimper sur sa colline. De là, viser la montagne d’à côté. Puis cultiver un rêve lointain et grimper dur jusqu’à l’atteindre. Et aller plus loin encore, toujours plus loin. Toute la beauté de ce métier est d’aller cueillir ses rêves.

Ne mets aucune limite à ton horizon, mais approche-le pas à pas…

L’école des photographes voyageurs

L’école des photographes voyageurs est avant tout l’école de la vie, même s’il est indispensable de suivre des stages ciblés sur ses lacunes, techniques, artistiques, relationnelles ou commerciales. Le bagage technique de base pour devenir photographe voyageur est minime : il suffit de maîtriser la netteté, la vitesse et le diaphragme. Par contre, il est plus long d’apprendre à donner du sens à son travail : c’est une compréhension qui s’acquiert au fil des ans, en cultivant sans relâche un regard et une passion.
Être photographe voyageur, c’est communiquer, parler évidemment l’anglais ou l’espagnol mais aussi se débrouiller un minimum dans la langue du pays. C’est la base de l’échange. C’est aussi être écrivain. Photo et écriture sont complémentaires : l’une montre ce que l’autre ne dit pas. Prenez un ordinateur et reliez votre clavier à votre cœur : il écrira tout seul. Au diable les fautes d’orthographe, les erreurs de syntaxe. Un récit parfait qui raconte des kilomètres monotones ne vaudra jamais un récit palpitant, plein de trous et de bosses. Tout comme une photo parfaite mais vide de sens n’égalera jamais une photo floue dont le message bouleverse. Alors osez-vous, lâchez-vous, soyez-vous mêmes et fiers de l’être !

Sujets de reportage

La beauté de la photographie, c’est d’aller chercher des images qui n’existent pas encore et de leur donner du sens. Pour cela, affirmez votre regard et développez un parti pris. Un reportage sur un tour du monde à vélo ne va pas s’arracher : c’était un sujet rare il y a trente ans mais il n’est désormais plus l’exploit d’un seul. Le monde a déjà été couvert dans tous les sens, il n’existe pratiquement plus de sujets inédits, de tribus inconnues, les possibilités de scoops se font rares. En revanche, en photo, il manque encore VOTRE regard, VOTRE scoop. Soyez donc vous-même, corps et âme. Tous les sujets sont passionnants si on les vit avec passion.

Sur le terrain

Une fois sur le terrain, n’arrêtez jamais de vous émerveiller, même sans boîtier. Imprégnez-vous de la lumière, notez l’heure du lever et du coucher du soleil, le jour de la pleine lune. N’oubliez pas que sans votre regard, que vous entraînez en permanence, votre matériel ne vaut rien. Sur le terrain, la difficulté est de s’impliquer tout en prenant du recul, d’être à l’affût du spontané tout en l’anticipant, de se faire oublier tout en étant au cœur de la vie. Sans cesse, on jongle pour se laisser aller à l'émotion tout en gardant la tête froide pour transmettre cette émotion. Une photo n’a pas le bruit de la fête, les odeurs de l’encens, l’euphorie du petit verre dans le nez… Il faut donc toujours garder un peu de recul dans un coin de soi pour déterminer s’il vaut mieux oublier la photo et vivre complètement la fête, quitte à l’écrire ensuite, ou vivre moins intensément la fête pour mieux la photographier.

Sur le terrain, variez vos angles et vos sujets. Portraits, paysages, vie courante, détails : faites des listes que vous tenez à jour le soir, classez vos images sur votre ordinateur. Combien de paysages, combien de portraits, combien de photos clefs ? Ainsi au bout de quelques semaines de travail, vous saurez mieux si vous vous répétez. Peut-être avez-vous le béguin pour quelqu’un du village que vous photographiez sans cesse ? Dans le reportage final, on n’en fera pas quatre doubles pages… Prenez du recul de temps en temps !
Pour qui photographiez-vous, quel support ? Un livre, un magazine, internet ? Pour internet, privilégiez les horizontales. Pour un livre, privilégiez les photos esthétisantes. Pour un magazine, les photos documentaires. Avez-vous assez d’horizontales suffisamment fortes pour faire des doubles pages ? Faites attention que le sujet principal ne soit pas au centre de l’image, à cause du pli ! Avez-vous des verticales qui résument votre sujet, avec du ciel ou un fond neutre pour y insérer un titre ? Si oui, vous améliorez vos chances de faire la couverture d’un magazine. Notez bien ce que vous photographiez : le nom des gens, leur âge, leur histoire, les lieux. Sinon, vous risquez de les confondre quand vous écrirez les légendes. Travaillez au dictaphone et enregistrez sur le vif vos émotions. Ainsi, vous les retrouverez toutes fraîches lorsque vous écrirez votre texte. Ne mélangez pas les mondes en communiquant sans cesse avec vos proches par internet: restez centré sur votre voyage, votre passion et votre travail.

Etre femme photographe voyageuse

Quel conseil peut bien donner un homme à une femme qui rêve de devenir photographe voyageuse ? De ne surtout pas hésiter ! De partir et de vivre le monde tout autant qu’un homme. Amie photographe, au cours de tes voyages, tu auras la chance d’avoir des rapports privilégiés avec les femmes. C’est un espace dans lequel tu auras plus d’occasions que les hommes de vivre des rencontres intenses. Fais-toi messagère de leurs vies, de vos relations, de tout ce qui te touche. Vis en profondeur jusqu’à ce que tu sois non seulement heureuse de ta vie mais bouleversée par ta propre histoire. Ensuite, tu n’auras plus qu’à la partager avec le même enthousiasme pour bouleverser les autres.

Un jour, amie photographe voyageuse, un embranchement se profilera probablement dans ta vie. Tu devras choisir ton chemin, entre voyage et vie de mère. Soit tu te sens l’âme d’Alexandra David-Néel, qui a vécu une vie de voyage principalement en célibataire et, dans ce cas, persévère. Soit tu aspires à fonder un jour un foyer. Il n’est pas impossible mais il est difficile pour une femme de concilier le métier de photographe voyageuse avec celui de mère. Un père est plus libre d’exercer ce métier car il ne porte pas l’enfant. Le jour où tu auras tes enfants, maman photographe voyageuse, tu ne les quitteras probablement pas facilement pour repartir. Pendant quelques années, tu devras décrocher de ce métier exigeant, qui implique de s’y consacrer à fond pour s’en sortir. Après quelques années consacrées à ta vie de famille, il te sera difficile de refaire ta place professionnelle. Tu peux voir là une injustice de la vie. Mais est-ce vraiment une injustice ? La réussite éphémère d’un homme qui brille par son succès est-elle plus enviable que l’entreprise féminine qui, dans l’abnégation, transmet l’amour à ses enfants ?...

Te faut-il pour autant abandonner ton art? Non. Tu peux harmoniser famille, rencontres et expression de toi en développant ta fibre d’artiste. Ce n’est pas l’extérieur qui fait la belle photo, c’est l’intérieur, ton intérieur. Il te suit partout, même chez toi. Trouve ton chemin pour vivre la vie qui te correspond sans être le jouet des clichés de réussite sociale. Sois toi-même, profondément. Ainsi tu trôneras sur ton podium intérieur, à vie.

Aider une ONG

Aider une ONG en voyage est une merveilleuse manière de s’immerger dans un lieu tout en rendant service. Cette démarche généreuse vous permettra de vous faire très vite des amis et d’enrichir votre voyage, de développer des histoires à photographier. Des petites ONG locales ont souvent besoin d’aide pour des tâches simples. Vous leur serez utile si vous vous investissez assez longtemps. Aider pour une semaine ne sert à rien, sauf dans une situation d’urgence. Avant de proposer vos services, commencez par faire votre place dans une région. Contacter à l’avance des centres par e-mail peut vous rassurer. Mais c’est moins plonger dans l’aventure. Partez, vivez, osez ! Osez l’aventure de partir sans savoir. Les réponses vous attendent déjà, là-bas. Et n’oubliez pas de photographier ce que vous vivez d’intense !

Les retours de voyages

Au retour, on n’en est qu’à la moitié du voyage. La seconde moitié est difficile car le monde que l’on retrouve est, sous certains aspects, plus dur à vivre. Nous n’avons pas de déserts torrides, pas de pluies torrentielles, pas d’animaux dangereux, il y a de l’eau courante dans toutes les habitations, de l’électricité partout et pratiquement personne ne meurt de faim. Tout ce luxe est réservé à une minuscule minorité du monde dont nous faisons partie. Mais paradoxalement, autant de luxe engendre une vie stressée, peu reliée et, pour beaucoup, une grande souffrance morale. Le niveau de vie du monde industriel est élevé mais, de façon relationnelle, la qualité de vie y est médiocre. Au retour de voyage, cela nous assaille de plein fouet… Cependant, l’art du voyage est de se trouver bien partout. Ici, là-bas, chez soi, de ne plus s’identifier à une seule culture mais à toutes celles qui nous ont influencées, dont la vôtre. Réapprenez à apprécier votre culture, car c’est votre base, de départ et de retour. La réussite de votre vie de photographe voyageur dépend de votre capacité à vous adapter, autant chez vous qu’en voyage.

Vendre ses photos

La seconde partie du voyage et du métier de photographe voyageur est plus fastidieuse, moins exotique. Il faut trier, légender, écrire, construire, vendre, communiquer. Photographier sans relâche sur le terrain ne sert à rien si, au retour, on ne déploie pas la même énergie ni le même temps. Il faut prendre son courage à deux mains et faire le tour des rédactions, des institutions, des éditeurs. Si vous n’avez pas cette démarche, vos photos, aussi belles soient-elles, croupiront dans votre placard. Il est toujours difficile de vendre son travail car on y met trop d’ego. On a peur d’être jugé, on craint le refus, on vit mal l’échec. Pourtant, quand vous frappiez à une porte en voyage, quand vous essayiez d’obtenir un laisser-passer, vous preniez aussi le risque d’un refus. Si la porte ne s’ouvrait pas, vous essayiez ailleurs. Vous avez finalement réussi grâce à votre tact et à votre persévérance. Vous vivrez exactement la même chose durant ce nouveau voyage destiné à vendre vos photos. Conservez la même détermination, la même confiance en vous. Allez vers les autres, toujours accompagnés de votre passion.

Vendre ses photos est une étape plus difficile que de les faire. Mais c’est prolonger dans l’échange, communiquer sa passion, transmettre l’énergie reçue en voyage. Avant de toucher un chèque, on doit d’abord toucher l’autre, en premier lieu par son humilité. Obtenir un rendez-vous avec le rédacteur en chef ou le directeur de photographie d’un magazine est difficile : ils sont débordés, peu accessibles. Arriver en retard à un rendez-vous, c’est avoir déjà perdu… En revanche, si vous les croisez dans un festival, une remise de prix, une inauguration, ils seront plus disponibles pour vous écouter et vous fixer un rendez-vous. Raisonnez comme en voyage : si vous demandez à un villageois de le prendre en photo alors qu’il court dans tous les sens pour rassembler ses chèvres, vous n’avez aucune chance de faire son portrait. Si vous allez le voir une fois son troupeau rassemblé dans l’enclos, il sera disponible. La photo, c’est comprendre l’autre. Pour la prendre, pour en parler, pour la vendre.
Pour mettre toutes les chances de votre côté, concevez la mise en page qui correspond au support visé. Le magazine que vous convoitez ouvre-t-il un sujet avec trois doubles pages ? une verticale ? un texte d’introduction dans le ciel de l’image ? Présentez des photos qui suivent cette trame. Présentez dans l’ordre une quarantaine de photos avec une introduction, un développement, une conclusion et préparez une quarantaine de photos différentes en vrac, verticales et horizontales. Il faut vous adapter au style de chaque magazine pour présenter votre travail. N’investissez pas dans des tirages coûteux car ils risquent de ne pas correspondre à l’habitude de juger d’un travail. Préférez une présentation en diaporama sur un portable. Des photographes du monde entier proposent par internet des reportages depuis leur pays aux rédactions du monde entier. Il devient donc difficile de vendre un reportage sur une région de l’autre bout du monde. Ceci dit, vous avez toutes vos chances si vous avez développé un regard, quel que soit le pays photographié, car dans le monde entier, il n’y a que vous comme vous… Pour démarrer, photographiez votre région et proposez par le net votre travail sous la forme d’un petit diaporama, aux rédacteurs du monde entier. Vous serez plus fort chez vous car vous aurez plus d’opportunités de lumières, d’événements, de compréhension qu’un photographe du bout du monde qui vient photographier votre région. Il est d’autant plus facile de vendre sa région à l’étranger si vous la photographiez dans l’esprit du magazine étranger. On ne photographie pas les Alpes pour un magazine japonais comme pour un magazine argentin. Le premier s’intéressera aux lieux touristiques qui fascinent les japonais, l’autre aux petits villages savoyards d’où sont partis les immigrants argentins les siècles passés.

La plupart des magazines pratiquent un tarif fixe par page en fonction de leur tirage et de la taille des images publiées. Ils adhèrent à des barèmes que l’on peut consulter auprès des associations de photographes ou de presse du pays où l’on publie. Un article publié dans un bon magazine permet de gagner autant d’argent que l’ensemble des droits d’auteur d’un livre. Un livre sera votre carte de visite, votre satisfaction, pas forcément celle de votre banquier. Pour s’en sortir, il ne faut rien négliger : multiplier les marchés, faire des articles, des livres, des cartes de vœux, des cartes postales, des posters, exposer ses photos, donner des interviews, des conférences dans tous les sens pour faire connaître son travail. Faites fructifier votre verger à partir du même message que transmettent vos images.

Rencontrer les gens du milieu

Comment rencontrer les gens du milieu professionnel dans son pays ? Pas en se réfugiant derrière les paravents du e-mail ou du téléphone. Pour être invité dans un village, vous n’avez pas téléphoné : vous avez serré des mains, établi un contact. Faites la même chose chez vous. À votre retour, n’attendez pas d’être prêt pour côtoyer les professionnels de l’image, ni d’avoir bouclé votre maquette. Allez à leur rencontre le plus tôt possible, dès votre arrivée, alors que vous avez encore les yeux luisants. Ce ne sont pas vos images qui vont séduire de prime abord, mais votre personnalité. Ce n’est pas votre appareil photo qui vous a ouvert des portes dans les villages. C’est vous. Concevez d’un même canevas votre existence ici et là-bas. Votre vie entière est un voyage. Restez fidèle à votre chemin.
Les festivals de photo et de voyage sont des mines de rencontres. Rendez-vous dans les festivals où vous rêvez d’être exposé, pour vous imprégner. C’est là qu’un jour, vous exposerez, en y faisant vos rencontres. Fréquentez aussi les festivals régionaux où vous aurez plus de chance d’être exposé si vous débutez. Un festival est un village : plus on retourne, plus on y est à l’aise, plus on y est connu et plus on y est apprécié ! Les vernissages, les expositions, les conférences de photographes voyageurs sont aussi riches de rencontres.

Concourir aux prix de photographie

Décrocher un prix, quel qu’il soit, est évidemment important pour démarrer. Il permet de prendre confiance, de se faire remarquer et de sortir la tête de l’eau. Postulez dans les concours locaux, régionaux, nationaux, internationaux. Les revues spécialisées de photos et le net informent de ces concours. Il est intéressant aussi de postuler aux bourses de voyage ou de photo qui sont décernées dans sa région, par des clubs ou par des organismes. Il en existe beaucoup, modestes souvent, mais c’est une reconnaissance et une porte d’entrée. Ne visez pas trop haut et surtout visez juste. Inutile de soumettre au World Press Photo Contest, dans la catégorie news, des images créatives de retouches numériques : ce n’est pas la bonne adresse. Renseignez-vous bien sur les critères de chaque concours pour savoir si votre travail est concerné. Trop souvent, malheureusement, les concours manquent de critères précis : les catégories sont vagues, les chartes de jugement du jury inexistantes et les prix sont décernés selon des appréciations personnelles, sans critères professionnels. C’est pourquoi il est important de relativiser l’importance d’un prix, qu’on le reçoive ou non. Cela ne signifie pas que son travail soit le meilleur si l’on a gagné, qu’il ne vaille rien dans le cas contraire. Un prix est attribué dans un contexte précis, par une catégorie de personnes; d’autres auraient peut-être fait d’autres choix.

Publier un livre

Un excellent sujet magazine ne fait pas forcément un bon livre et vice-versa. En revanche, un livre publié aide à vendre son travail à un magazine. Lorsque vous avez un projet de livre, ciblez les éditeurs qui correspondent le mieux à votre travail et tâchez de rencontrer le directeur artistique de l’éditeur pour le lui soumettre. S’il l’estime intéressant, il le présentera à l’éditeur. S’il est difficile de le rencontrer, envoyez-lui une dizaine de tirages avec un synopsis ou une dizaine de photos par mail et demandez un rendez-vous. La « Buchmesse », la foire du livre qui se tient chaque année en octobre à Francfort, en Allemagne, rassemble les éditeurs du monde entier. Ce rendez-vous des éditeurs pour vendre et acheter des projets est une occasion unique de les rencontrer et de leur présenter votre travail.

N’attendez pas de boucler votre travail pour le soumettre à un éditeur. Dès que votre projet commence à être construit, prenez contact : un livre se planifie au moins une année à l’avance. L’espoir d’un éditeur, qui prend de gros risques financiers en investissant sur un livre de photographies, est de coéditer ce livre avec d’autres éditeurs étrangers pour rentabiliser son investissement. C’est pour cela qu’il propose ses nouveaux projets d’édition en octobre à Francfort. Les droits d’auteurs sont ridiculement bas car la marge bénéficiaire de l’éditeur l’est tout autant. On ne vit pas avec un seul livre publié, ni même avec cinq. Le marché pour un livre de photos dépasse rarement trois mois. Passé ce délai, il se vend au compte-gouttes, remplacé par d’autres nouveautés. La majorité des éditeurs s’accrochent avec courage au bastingage dans la tempête du marché…
Lorsque votre livre est paru, votre rôle est loin d’être terminé ! Une fois le livre sur le marché, il faut le porter, vous investir pour sa promotion. N’oubliez pas, c’est vous, toujours vous qui devez porter votre travail. Votre voyage est sans répit. Mais quel voyage!

Affronter les réussites et les échecs

Le métier de photographe voyageur est voué à l’échec souvent et à la réussite parfois. Être photographe professionnel, c’est passer à peine 20 % de son temps à faire de la photo. Le reste du temps sert à tenter de vendre ses images, à faire ses fonds de tiroirs… En vivant mal leurs échecs, beaucoup de photographes s’enfoncent malheureusement dans l’amertume. Personne ne grandit sans échec : cette acceptation est importante pour réussir ce métier difficile. Seule la passion permet de franchir les obstacles. La passion ne s’éteint pas lors des échecs, elle ne met pas le feu en cas de réussite… Elle reste flamme de vie.

Si vous vivotez de votre travail depuis dix ans alors que vous essayez d’arrache-pied de vous en sortir, reprenez sur d’autres bases : remettez-vous en question et travaillez en priorité votre relationnel. Vous faites de bonnes images mais peut-être ne savez-vous pas bien en parler, ni vous adapter au marché ? Faites un stage de communication ou de marketing. Si rien n’y change, regardez dans votre vie : votre morosité doit probablement déborder sur votre entourage, votre quotidien. Il faut donc peut-être vous remettre en cause plus en profondeur. La thérapie ou la méditation sont faites pour nous aider à nous réconcilier avec nous-mêmes.
La méditation apaise et nous aide à voir la vie sous un autre angle, plus sereinement, à comprendre l’essentiel. Elle permet de calmer l’esprit et de plonger au-delà des vagues de surface qui troublent la conscience, pour puiser en eaux profondes d’autres ressources en soi. La méditation est un voyage inouï de richesses et de beauté.

Une thérapie aide à lâcher prise, à redresser les épaules et à retrouver sa liberté. Elle nous apprend à accepter et affronter notre part d’ombre, à la reconnaître, à la comprendre, à la transformer et à l’assimiler. Elle permet à l’être blessé qui a souffert et pleure au fond de nous de s’exprimer enfin. Nous avons tous un enfant qui pleure en nous, quelque soit notre âge. Une fois que cet enfant aura soulagé sa souffrance, il deviendra soleil, vous aidera à faire de belles images. Il sera votre meilleur assistant. Pour la méditation comme pour la thérapie, n’entreprenez pas ces voyages seul : prenez un guide.

Pour résumer

Passion, ouverture, confiance, travail, persévérance sont les mots clefs pour ouvrir la porte de tous vos rêves. La vie est un incroyable et fabuleux voyage et le monde est à vous. Vous en héritez. Par vos images, vous pouvez changer ce monde, le faire évoluer pour mieux le transmettre à vos enfants, aux graines de Bouddha à venir. Je vous souhaite donc du fond du cœur la vie de tous vos rêves, quels qu’il soient.

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